En direct du Congrès de Die Linke

Publié le par Pour la République Sociale



"Résister. Dire ce qui est. Changer la politique."
"Résister. Dire ce qui est. Changer la politique."

 


Une délégation de PRS participe au Congrès de Die Linke à Cottbus. Suivez le compte-rendu pendant deux jours sur notre site.

 

 



Samedi matin : ouverture du Congrès

Die Linke tient ce week-end son « premier Congrès ». En réalité il s’agit du second si l’on compte le Congrès de fondation de Berlin l’année dernière. Mais cette fois, Die Linke tient un Congrès ordinaire. En conséquence, les délégations étrangères sont beaucoup plus réduites. Venu comme nous de France, je n’ai rencontré que Francis Wurtz, le président du groupe de la Gauche européenne au Parlement européen, qui parle couramment allemand et est ici comme chez lui. Cependant, Die Linke est une trop jeune organisation pour que ses Congrès soient vraiment ordinaires. Par exemple, les délégués vont élire ce soir leur direction. Acte a priori banal pour un parti politique. Mais ce sera la première fois que Die Linke élira de la sorte ses instances. L’année dernière, les deux partis fondateurs, le PDS des anciens communistes et le WAASG d’Oskar Lafontaine, avaient désigné chacun de son côté leurs représentants dans une direction strictement paritaire. Cette fois-ci, les délégués voteront librement et indistinctement, sans tenir compte de l’origine des candidats et sans avoir à respecter un équilibre imposé entre les composantes originelles. Seule les co-présidence et co-vice présidence subsisteront sur une base paritaire, dernier témoignage de la fusion initiale. C’est un moment extraordinairement difficile. S’ils y parviennent, on pourra dire que nos camarades de Die Linke auront tenu leur premier Congrès pleinement unifié.

Pour nous, les discussions de nos camarades allemands prennent une résonance particulière. L’an prochain se tiendront les élections générales en Allemagne. Même chose en Grande Bretagne. Au vu des élections locales désastreuses qu’il a subies ce mois-ci, le moins que l’on puisse dire est que le Labour britannique n’est pas très bien parti… Si les Britanniques étaient battus et si les Allemands connaissaient le même sort, tous les principaux pays de l’Union Européenne seraient dirigés par la droite (à l’unique exception de l’Espagne). Et si seuls les Anglais s’en sortaient, la lamentable politique des blairistes au pouvoir continueraient sans doute à susciter plus souvent la consternation qu’autre chose. Après la déroute de la gauche française en 2007 et le naufrage italien de 2008, la gauche européenne n’a vraiment pas besoin en 2009 d’une nouvelle défaite en Allemagne, premier pays de l’Union.

Or la gauche allemande ne peut pas gagner sans Die Linke. Déjà à l’élection dernière, la percée de Die Linke avait permis à la gauche de redevenir majoritaire en Allemagne après une succession

ininterrompue de défaites aux élections régionales dans 13 Länder. Certes pour réaliser l’union des gauches dans le gouvernement, les sociaux-démocrates du SPD auraient du renoncer à certaines de leurs réformes, notamment les lois Hartz IV qui ont réduit drastiquement l’indemnisation des chômeurs. Hélas, on connaît l’histoire. Le SPD a préféré poursuivre sa politique en écartant toute alliance à gauche et en choisissant à l’inverse de gouverner avec la droite sous la direction d’Angela Merkel. Or la montée en puissance de Die Linke pourrait contraindre le SPD à rompre cette stratégie mortifère. Et l’année 2009 pourrait être celle du retour de la gauche allemande, ce qui serait la première bonne nouvelle depuis longtemps pour la gauche européenne.

Les deux co-présidents Oskar Lafontaine et Lothar Bissky, dans leurs discours d’ouverture, situent d’ailleurs d’emblée ce Congrès dans un contexte mondial et européen. Lafontaine énumère : la gauche écrasée en Italie, la gauche battue en France… Il en conclut que « la gauche européenne a besoin d’un nouveau profil ». Dès lors « notre responsabilité n’est pas nationale mais européenne » souligne-t-il.

Cette entrée en matière soulève l’enthousiasme de la salle. On voit beaucoup de jeunes délégués,

En bonne place dans la librairie militante, "lernen französich" (apprendre le français), un dialogue entre Oskar Lafontaine et Jean-Luc Mélenchon
En bonne place dans la librairie militante, "lernen französich" (apprendre le français), un dialogue entre Oskar Lafontaine et Jean-Luc Mélenchon
dont certains sont sans doute des nouveaux adhérents qui n’ont connu ni le PDS ni le WAASG. Impossible le plus souvent de deviner l’origine des uns et des autres. La mayonnaise a visiblement pris. Encouragé par leurs succès électoraux, les militants de Die Linke ont adhéré à l’ambition de donner « de nouvelles idées à la gauche » plutôt que de cultiver les identités du passé en crise.
Die Linke existe vraiment. C’est une force nouvelle. Elle pèse déjà dans la politique allemande. Et elle s’apprête à débattre pendant deux jours des responsabilités que cette situation lui crée.

 


En savoir plus : Die Linke dénonce la montée de la pauvreté en Allemagne

François Delapierre

Publié dans prs69

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