Malgré la crise immobilière et financière : Joyeux Noël !

Publié le par Pour la République Sociale

Branle-bas de combat dans les banques centrales. Elles ont massivement injecté cette semaine des liquidités pour aider les banques à passer le cap du 31 décembre, fin de l’année comptable, malgré la crise des « subprimes ». Au moment où Sarkozy annonce que les caisses sont vides, quelle débauche de moyens ! La Banque Centrale Européenne a promis de satisfaire à un taux de 4,21% (alors que celui du marché « libre et non faussé » est de 4,9%) toutes les demandes de refinancement présentées jusqu’à la fin du mois et ce pour un montant illimité ! Une opération mise en œuvre seulement deux fois en neuf ans d’existence. Et qui s’inscrit dans une initiative concertée de la BCE européenne, la Fed américaine, la banque centrale suisse, la Banque d’Angleterre et la banque centrale canadienne. Au total, avant l’annonce de ce crédit illimité, les banques centrales avaient déjà promis d’injecter quelques 64 milliards de dollars dans les rouages passablement détraqués de la finance mondiale.

Comment, la crise n’était pas éteinte ? s’exclamera le gogo qui avait pris au sérieux les communiqués lénifiants des zélotes de la mondialisation heureuse. Les banquiers centraux n’avaient-ils pas éteint l’incendie en août grâce à leur mobilisation exceptionnelle (94,8 milliards d’euros injectés le 9 août par la BCE, 61 milliards le 10, 48 trois jours plus tard !). Or on apprend que l’évaluation finale des dégâts n’est toujours pas établie. Le dernier rapport (par la Deutsche Bank) parle de 400 milliards de dollars à rayer des actifs des banques. A ce jour, leurs pertes provisionnées atteignent 65 « petits » milliards...

La crise va donc continuer. Le marché immobilier américain est dans un état désastreux. Sur un an, les ventes de logements neufs ont reculé de 23,5% et les prix de 13%. Le nombre de saisies de logements a doublé. Aux Etats-Unis, 20000 emplois ont été supprimés durant le seul mois de novembre dans les services financiers et 58200 depuis juillet dans le secteur bancaire. La banque Citigroup va revoir à la hausse des licenciements qui devaient toucher initialement 5% de ses effectifs dans le monde. Tous les secteurs sont frappés : l’emploi a décru de 1,3% dans le secteur manufacturier aux Etats-Unis avec des pics à -5,9% dans l’automobile. La croissance mondiale est dans les choux, particulièrement en Europe. Prévision pour la France : 0,5% au quatrième trimestre, soit 1,9% pour 2007. Bien en dessous des projections qui ont servi à bâtir un budget de l’Etat désormais virtuel.

Le système est en cause. La finance est assise sur la dette. Devenue toute puissante, elle exige chaque jour davantage d’argent frais, seul moyen de maintenir des rendements artificiels et de compenser les créances douteuses. C’est ainsi que l’on a voulu impliquer jusqu’au dernier ménage américain dans la chaîne de la dette. Les produits subprimes visent la vente de crédits à des gens qui ne peuvent emprunter, avec des innovations comme les crédits Ninja, « no income, no job or asset », pour « pas de revenu, pas d’emploi ni d’actif (à mettre en garantie) ». L’économie américaine repose sur cet endettement. Les crédits immobiliers résidentiels représentent déjà 11 000 milliards de dollars, soit près de 2 000 milliards de plus que la totalité de la dette publique ! Tous propriétaires donc tous endettés, voici le « rêve américain » qui inspire tant Sarkozy. Puis le système financier mondialisé et dérégulé permet de diffuser partout ces créances douteuses. Les dettes des ménages américains les moins solvables ont été transformées en titres hautement spéculatifs, d’autant plus rémunérateurs que les créances sont douteuses. En apparence, le risque est dilué. En réalité il est généralisé.

Quand la chaîne finit par casser à un bout, tous les maillons sont touchés. Les financiers qui dénoncent l’intervention de l’Etat dans l’économie appellent ce dernier en dernier instance. On voit des « fonds souverains » créés par des Etats renflouer les fleurons de la banque privée, fonds gouvernemental de Singapour pour le suisse UBS, de l’émirat d’Abu Dhabi pour l’américain Citigroup. Les deux sauveurs seront rémunérés respectivement à 9 et 11%, près du double du rendement payé aux actionnaires ordinaires. Car rien ne vaut la garantie étatique...

Hélas les principaux Etats se comportent comme les roues de secours du système. Car rien n’est fait pour enrayer sa logique folle. Les milliards des banques centrales permettront aux apprentis sorciers de recommencer de plus belle, la tempête passée. Washington enfume les petits propriétaires furibards avec une opération coup de poing du FBI. En France Sarkozy amuse la galerie. Il faut faire oublier que lorsque les puissants de la finance se saoulent ce sont les travailleurs de l’économie réelle qui paient l’addition. Licenciements et austérité salariale pour restaurer au plus vite les profits. Suppressions de postes et diminution du pouvoir d’achat des fonctionnaires pour restaurer les comptes publics.

Joyeux Noël !

PRS national

Publié dans Communiqué

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